Il est malaisé d'assigner une époque exacte à la fondation du château de Tourves. Ce qui est indiscutable, c'est que, après avoir occupé pendant des siècles la montagne de Saint-Probace, les habitants de Turis (d'où est venu Tourves) songèrent à quitter les hauteurs lorsqu'ils virent les incursions desLe château en photographié en 1910 Sarrazins avaient cessé. Sans s'établir complètement dans la plaine, ils bâtirent leurs demeures sur les coteaux (comme Seissons et Gueillet, deux villages dont il ne reste aujourd'hui que le nom et quelques ruines). les colonnades du châteauC'est à ce moment qu'il faut placer la fondation du château sur la colline où il se trouve, c'est à dire du Xe au XIe siècle. Le château ne se composait à vrai dire que d'une tour carrée, ou plutôt rectangulaire, ayant seize mètres de long sur huit de large. On voit encore aujourd'hui au milieu des ruines, ses murs en partie debout et qui mesurent 1,70 mètre d'épaisseur. Autour de lui vinrent se grouper l'église et les demeures des habitants qui se plaçaient sous sa protection. C'est le premier village de Tourves (appelé plus tard quartier Saint-Sauveur et aujourd'hui disparu) qui formait, avec Seissons et Gueillet, la vallée de Tourves et en était le chef-lieu.pienture de la salle des mariages

Le pays de Tourves faisait partie du domaine royal des rois de Jérusalem et de Sicile, comtes de Provence. En l'année 1352, la reine Jeanne, pour reconnaître les services que lui avait rendus Raymond des Baux, Le château en 1880lui donna la vallée de Tourves et, par lettres patentes de l'année 1352, enjoignit à la communauté et aux particuliers de Tourves, Seissons et Gueillet d'avoir à le reconnaître pour leur seigneur. Les habitants protestèrent et envoyèrent des députés à la reine Jeanne pour demander que cette donation fût révoquée ; leur requête ne fut pas accueillie ; tout ce qu'ils purent obtenir fut que les droits et privilèges dont ils jouissaient leur seraient maintenus. Cela leur fut reconnu par un acte public de 1354. (Toutes ces pièces figurent aux archives de la commune de Tourves, registre Pelican, folio 391).

Restauration du châteauRaymond des Baux, mort sans enfants, Tourves passa à la famille des d'Arcussia, puis à celle des Vintimilles ; enfin, en l'année 1650, Jean-Baptiste de Valbelle ayant épousé Anne de Vintimille, devint seigneur de Tourves.l'obélisque
Les de Valbelle descendaient des vicomtes de Marseille et par eux des comtes de Provence. Du XIIe au XVIIIe siècle, cette famille produisit une suite de personnages remarquables ; elle se composait de plusieurs branches riches et puissantes ; mais les branches de Baumelles et d'Aiglun s'étaient éteintes en 1616, celle de Montfuron en 1632, les deux dernières branches héritières de toute la fortune de la maison se réunirent, en 1723, par le mariage d'André Geoffroy de Valbelle, marquis de Rians,
baron de Meyragues, avec Marguerite-Delphine de Valbelle, unique héritière des marquis de Tourves. De ce mariage naquirent :
- Joseph Ignage Cosme de Valbelle, marié à une de Chavigny et mort sans enfant.
- Joseph Alphonse Omer de Valbelle, le dernier du nom, mort célibataire à 49 ans.
- Anne Alphonsine de Valbelle, mariée à Henry de Castellane, marquis de Majastre.

Buste de Omer de Valbelle, Musée de DraguignanEn 1767, à la mort de son frère aîné, Joseph -Alphonse Omer de VALBELLE hérita des titres des diverses branches de sa famille. Il devint marquis de Tourves, de Rians, de Montfuron et de Bressuire, baron de Saint-Symphorien et de Meyrargues, comte de d'Oraison, de Valbelle, de Sainte-Tulles et de Cadarache, Rougiers, Venelles, Peyrolles, Mousteyret, Levens, le Reveste, Cucuron.... l'un des quatre premiers barons du Dauphiné, lieutenant du roi en Provence, maréchal de camp. Il fit construire sur l'ancien donjon médiéval une véritable résidence princière. Il y donna des fêtes somptueuses, Mirabeau écrivit de lui c'était une cour d'amour présidée par le plus magnifique seigneur de la Provence . Le château de Tourves a été jusqu'à sa mort le temple du goût, des plaisirs et des arts.

En signe de reconnaissance et de piété filiale à Cosme Maximilien Joseph Louis, son aïeul maternel, il fit ériger un obélisque de vingt-quatre mètres de haut, sur lequel on peut y lire ces vers Conserve ma devise, elle est chère à mon cœur. Les mots en sont sacrés, c'est l'amour et l'honneur .La tour du chateau

La fantaisie du comte, le poussa à faire construire un faux vieux fort . Il fit édifier un bâtiment ressemblant à un temple païen, puis le mutila à coup de marteaux, en laissant les ruines apparentes sur lesquelles il éleva une église du moyen âge. Il la démoli à son tour pour y construire une écurie. Sur le mur ouest il fit graver ces vers A grandeur trop souvent succède ignominie; de temple que j'étais, église je devins. J'en conçus trop d'orgueil, on m'a fait écurie : Passant qui vois l'affront dont ma gloire est suivie, apprends, sans murmure, à céder aux destins .

Il mourut à Paris en novembre 1778 à l'âge de quarante-neuf ans d'une attaque d'apoplexie, après une entrevue avec LOUIS XVI, qui venait de le nommer Commandant pour le Civil en Provence .
Fontaine aux MacaronsEn 1792 le château appartenant alors au comte de Castellane fut transformé en hôpital pour l'armée d'Italie. L'année suivante, il fut saccagé de fond en comble. Il tomba petit à petit en ruines et un siècle durant, les villageois vinrent y quérir les matériaux de construction dont ils avaient besoin. L'urne en pierre sculptée du jardin orne aujourd'hui la fontaine de la place de la mairie, les bancs en pierre qui l'entourent proviennent de l'esplanade du château. Le baptistère de l'église n'est autre qu'un ancien lavabo et la fontaine aux mascarons se trouvait autrefois dans le parc de Valbelle.

 

 

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